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Théâtricul, Chêne-Bourg 12 au 22 mars 2015

Café des Savoises, Genève le 25 mars 2015

Libreria Albatros, Genève les 24 et 25 avril 2015


Suite au cycle consacré à Virgilio Piñera, c’est dans le même état d’esprit de mettre en avant des œuvres engagées et historiques que le Vrak’s T’Atros présente « Le Métro Fantôme » (Dutchman). Cette pièce écrite par LeRoi Jones (Amiri Baraka) en 1964 en pleine période d’émancipation de la culture afro-américaine trouve naturellement tout son sens et son universalité dans le monde actuel avec sa mixité culturelle et ses grandes incompréhensions raciales.
 

L'auteur, LeRoi Jones (Amiri Baraka)

Amiri Baraka (1934-2014) était un écrivain prolifique qui a travaillé tous les genres littéraires: poésie, théâtre, nouvelle, opéras-jazz, non-fiction. Il a également joué un rôle crucial comme organisateur, éditeur et promoteur des mouvements avant-gardistes de la New American Literature dans les années 50-60, et le Black Arts Movement fin des années 60 et début des années 70. Né sous le nom d’Everett Leroy (plus tard LeRoi) Jones, Baraka a suivi ses écoles à Newark et a étudié la chimie à la Howard University avant de revenir à la littérature et la philosophie. En 1954, il quitte Howard pour rejoindre l’US Air Force où il s’intéresse de plus en plus à la littérature, en s’immergeant dans le travail d’Ezra Pound, du nouvelliste irlandais James Joyce et d’autres modernistes.

Renvoyé de l’US Air Force en 1957 pour une supposée possession de journaux littéraires communistes, Baraka déménage alors à Greenwich Village (New York) et établit des contacts avec des membres de l’avant-garde Beat, Black Mountain et les New York School Movements. A ce moment-là, il publie un livre de poésie qui sera acclamé : Preface to a Twenty Volume Suicide Note (1961) et coécrit les journaux poétiques Yugen et Floating Bear avec sa femme d’alors Hettie Jones respectivement la poétesse Diane Di Prima.

Baraka commence à se distancer de la scène littéraire bohémienne après son voyage à Cuba. Influencé par des artistes du pays nouvellement révolutionnaire ainsi que par les mouvements des droits civils et des figures noires de la politique comme Malcolm X, son travail devient plus politiquement et socialement engagé. Ses pièces de théâtre Dutchman (Le Métro Fantôme) et The Slave (1964) combinent la mise en scène non réaliste du théâtre expérimental du début des années 60 avec le militantisme et souvent la violence des revendications de l’orgueil noir. Les poèmes réunis dans The Dead Lecturer (1964) sont similaires en imagerie violente, de style et syntaxe fragmentaires fournissant un enregistrement vivant de l’artiste intellectuel noir en tourment et en transformation.

Baraka a également été influencé par des musiciens comme Ornette Coleman, John Coltrane, Cecil Taylor et Sun Ra - joueurs de New Jazz – dans les années 50-60 qui démontrèrent qu’il était possible pour les artistes noirs de produire de l’art avant-gardiste enraciné dans les traditions culturelles afro-américaines. Une série d’essais qui aideront à introduire le New Jazz auprès d’une audience plus large, ont été rassemblés dans Black Music (1968). Son histoire du jazz, dans Blues People (1963) sera l’un des premiers livres à tracer le développement social et politique de la musique afro-américaine. Alors que Baraka devient de plus en plus engagé dans les organisations militantes politiques au milieu des années 60, l’assassinat de Malcolm X en 1965 provoquera la cassure finale avec le monde bohémien à prédominance blanche. Juste après, il abandonnera sa famille et déménagera à Harlem où il contribuera à la création du Black Arts Repertory Theatre dont l’impulsion est de créer une esthétique noire bien définie. Bien qu’éphémère, elle sera le point de départ pour des théâtres similaires à travers le pays et aidera au développement du corollaire culturel au nationalisme noir : The Black Arts Movement.

Bien que Baraka ait quitté Harlem après un an pour sa ville natale de Newark, il continue de servir de leader au Black Arts Movement et au Black Power. Avec le poète Larry Neal, il édite Black Fire (1968), une anthologie d’écriture afro-américaine très teintée de nationalisme. La poésie de Baraka a été cruciale pour établir une connexion entre la littérature et les formes vernaculaires afro-américaines.

 

Fortement influencé par le nationaliste culturel Maulana Karenga (duquel il a reçu le nom d’Amiri Baraka), Baraka était l’avocat d’une doctrine afro-centriste du séparatisme, l’autodétermination et l’auto-développement culturel et économique des afro-américains. Constatant les faiblesses du nationalisme noir au début des années 70, il adoptera le marxisme léninisme qu’il sentait plus intéressé aux problèmes liés du racisme, de l’oppression nationale, du colonialisme et du néocolonialisme. The Motion of History (1978), Reggae or Not! (1981), Daggers and Javelins (1984), et l’autobiographie de LeRoi Jones (1984) seront publiés durant cette période.

Synopsis de la pièce « Le Métro Fantôme »
Dans la chaleur moite et le grincement ferrailleux d’un métro New-Yorkais, Lula, jeune femme blanche, la trentaine, aborde Clay, jeune homme noir de 20 ans. Dès les premiers instants de cette rencontre, Lula commence, à travers un jeu de séduction morbide, à manifester une façon de penser basée sur des stéréotypes et des préjugés. Clay assume et accepte de jouer le jeu, tour à tour fasciné et stimulé par la présence de cette jeune vipère. Ils se provoquent l’un l’autre dans une joute verbale où s’affrontent tour à tour leurs désirs, leurs désillusions, leurs rêves frustrés, leur haine, et finalement, leurs instincts meurtriers.
 

Conception scénique
Genre : Drame

Dans cette adaptation du « Métro Fantôme », Lula et Clay ne sont plus dans le métro sinon parmi nous, dans les espaces par lesquels nous transitons tous les jours : un théâtre, un bar, un café, une bibliothèque…

 

Distribution
La pièce « Le Métro Fantôme » compte deux personnages :

  • Lula: Jeune femme blanche de trente ans, lèvres rouges criardes et cheveux couleur sang. Bohémienne extravertie et exubérante, séductrice par excellence et machiavélique par défaut. Lula est une Veuve Blanche qui nourrit une colère noire contre ses amants. Elle tisse sa toile au fil des rencontres et des frustrations. Elle aime exciter sa proie avant de l’achever, et pour cracher sa haine, elle broie du Noir. Lula, avec son attitude de femme pseudo-libérée, représente la société blanche des années 60, avec son intolérance perverse et manipulatrice.

  • Clay: Jeune homme noir de vingt ans, il appartient à la classe moyenne noire. Imberbe avec cheveux gominés, il s’habille comme les blancs. Un rêveur intellectuel qui se croit le Baudelaire de la post-modernité. Eternel enfant blanchi par les valeurs sociales et raciales. Victime perpétuelle de ce siècle car derrière son silence apprivoisé se cachent les véritables raisons de son existence. Il représente les aspirations du peuple noir, avec sa grandeur, sa folie et sa décadence.

 

Espace scénique :

Ces personnages comme tous les êtres humains n’ont pas d’instincts fixés. Ils réinventent leurs fins. Leurs intentions constituent peu à peu leurs jeux dans l’espace. Leurs désirs tronqués et déviés, l’attirance sexuelle dans le cas de Lula, la contre-passion et son essor subversif dans le cas de Clay, se sont pris dans la matière sociale, les institutions et les règles établies (jusqu’à la nature). Les bêtes féroces et les désordres des «climatures» nous offrent une caricature de nous-mêmes figée, concupiscente et intemporelle.

Point de limite, en effet qui ne soit à franchir, point d’état en aucun sens du mot dans un tel univers. (C. Fourier)

©marbest2018

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